Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ! Une carte cadeaux responsable qui milite pour des pratiques de consommation raisonnées et durables. Et pourtant… personne d’autres que Séverin PRATS, CEO d’éthi’Kdo, n’aurait pû hisser aussi haut ce beau projet. Le cabinet Cornillier, dans le cadre de l’élaboration de sa cartographie qui met à l’honneur les établissements détenteurs de l’agrément ESUS, est parti à sa rencontre. Découvrons ensemble les étapes pionnières, d’une idée d’une simplicité étonnante jusqu’à en devenir un modèle de société vertueuse.
Racontez-nous la naissance d’éthi’Kdo, quelles sont les étapes fondatrices de sa création?
Je cherchais un cadeau à offrir, et j’ai pensé qu’une carte cadeau utilisable dans les ressourceries comme Emmaüs ou Les Ateliers Croix Rouge serait une excellente idée. J’ai commencé un peu à regarder les cartes cadeaux des grandes enseignes et j’ai réalisé que toutes référençaient des géants comme Amazon, aucunes des ressourceries comme celles du réseau des ressourceries ou Emmaüs. C’était une idée réellement intéressante à développer, mais je venais d’avoir une petite fille, de faire un crédit, et à vrai dire je n’avais jamais vraiment souhaité entreprendre. J’ai donc décidé de ne pas donner suite.
L’idée revenait systématiquement taper à la porte. J’étais absolument convaincu de sa viabilité, mais je me répétais que c’était le rôle des grands groupes d’impulser un tel projet. Un matin, j’ai finalement pris la décision de sauter le pas. Je suis allé sur la marketplace Label Emmaüs, et j’ai constaté qu’elle se constituait en société coopérative d’intérêt collectif (Scic). J’ai, automatiquement, souhaité appliquer ce modèle à éthi’Kdo. Cela me permettait d’intégrer les clients, les boutiques partenaires et les salariés dans le capital de la société à travers une gouvernance participative. C’était la possibilité de créer une société administrée par tout son écosystème.
Ethi’kdo est né avec pour objectif principal la mission de favoriser une consommation plus respectueuse des femmes, des hommes et de l’environnement. Notre fil conducteur a été celui d’être en mesure de proposer l’offre la plus diversifiée possible, à la fois en boutiques physiques et en ligne. Le produit offert grâce à cette carte cadeau se doit de véhiculer un impact social et environnemental positif. Quel que soit ce que l’on consomme, on peut consommer durablement.
L’agrément ESUS (Entreprise Sociale d’Utilité Solidaire), agrément délivré par l’Etat, permet d’attester d’un haut niveau d’engagement dans l’écosystème ESS. Que vous apporte-t-il professionnellement (en termes de financement, image de marque, etc.) ? Comment l’avez-vous obtenu ?
Nous nous sommes créés en tant que société coopérative d’intérêt collectif, et donc naturellement porteuse des notions de partage de la valeur, du pouvoir, vectrice d’un impact social et environnemental positif. Par notre statut, nous faisions déjà partie de l’économie sociale et solidaire (ESS).
En ce qui concerne l’agrément ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale) délivré par l’État, il nous permet une différenciation singulière sur notre secteur et une légitimité renforcée. C’est une grande fierté pour nous d’être le premier émetteur de cartes cadeaux agréé ESUS.
Par la suite, nous sommes devenus société à Mission. Quand on est déjà agréé ESUS, certains considèrent le statut de société à mission comme anecdotique ou gadget. Selon moi, c’est justement parce qu’il est simple d’obtenir le statut de société à mission, lorsque l’on possède au préalable l’agrément ESUS, qu’il faut se positionner dessus. Ça ne demande ni du temps supplémentaire, ni des ressources particulières.
Quoi qu’il en soit, le véritable engagement réside dans les objectifs fixés et les moyens déployés pour les atteindre. Pour notre part, nous essayons réellement d’incarner le rôle de plaidoyer de l’information et d’insuffler une prise de conscience en alertant sur les tendances actuelles sur-consuméristes.
Quelles sont les évolutions à venir concernant éthi’Kdo ? Quelles sont vos perspectives de développement dans un futur proche ?
Nous travaillons aux côtés de plus de la moitié des CSE du cac40, notamment ceux d’Airbus, Worldline ou encore Orange. Avec pour objectif celui de conserver une telle dynamique et d’accroître notre visibilité mais aussi l’impact de nos actions, nous nous sommes intéressés, cette fois-ci, aux grands acteurs de notre propre marché. Nous avons réalisé que des enseignes comme EdenRed ne possédaient pas de marques partenaires éco responsables. Nous avons, alors, développé une API qui permet de créer des catalogues de références éco responsables pour ces entreprises.
En parallèle, nous avons insufflé un second souffle au projet créé par le CTO et actuel associé d’éthi’Kdo. Son entreprise, Kadoresto, proposait des bons cadeaux pour aller au restaurant. Nous avons décidé de reprendre le concept fondateur tout en le faisant évoluer : développer une offre de cartes cadeaux destinées essentiellement à des restaurants écoresponsables, labellisés ou a minima végétariens. Nous avons lancé les premiers coffrets cadeaux des restaurants éco-responsables le 15 Novembre dernier.
Enfin, nous avons aussi des partenariats avec des cagnottes en ligne, par exemple Leetchi. Au moment où la collecte de fonds touche à sa fin, il est possible, soit de récolter l’intégralité du montant de la cagnotte, soit d’acheter une carte cadeau avec cette somme d’argent. Dans le premier cas, une commission s’applique au créateur de la cagnotte, dans la seconde situation nous prenons en charge la commission.
Comment le covid a impacté votre activité ?
La covid n’a pas été un frein pour éthi’Kdo, mais plutôt un accélérateur. Pendant le confinement, les budgets alloués, en temps normal, par les CSE en voyages et loisirs ont été réinvestis dans les cartes cadeaux. Autant en B2B qu’en B2C, notre offre digitale est devenue une des solutions les plus adaptées au contexte. Nous avons, notamment, écrit un article sur les idées cadeaux à offrir pendant le confinement. Etant donné que personne n’avait jamais cherché à scorer au ratio sur “cadeau confinement”, cela nous a permis de créer beaucoup de nouvelles connexions.